Randos, voyages, citations, contes

 

Le personnel du refuge ne savait pas quoi faire d’eux.

La plupart des chats arrivaient seuls, apeurés, parfois avec des frères

ou sœurs. Mais ceux-là ? Ils étaient arrivés ensemble — un vieux matou

avec une moitié d’oreille manquante et une patte arrière boiteuse, et un

chaton aux yeux écarquillés qui ne le quittait jamais.

Personne n’avait besoin de demander s’ils étaient père et fils.

C’était évident.

Le personnel a appelé le plus vieux Bear — fort, silencieux, férocement protecteur.

Le petit est devenu Cub, toujours blotti contre le ventre de Bear,

toujours à l’observer, essayant d’imiter chacun de ses gestes.

Quand Bear mangeait, Cub mangeait. Quand Bear grondait à la porte,

Cub feulait aussi, même si cela ressemblait plutôt à un petit couinement.

Les gens venaient pour adopter de jolis chatons, mais personne ne voulait

du vieux matou blessé.

Et Bear ne laissait jamais Cub hors de sa vue.

Pendant des mois, ils ont attendu. Ensemble.

Jusqu’à ce qu’Owen entre.

Owen venait de perdre son propre père — un homme de peu de mots,

mais d’une force infinie. La maison était devenue trop vide.

Trop silencieuse. Il n’avait pas prévu d’adopter deux chats.

Juste un. Quelque chose de petit. Mais quand il vit Bear enroulé

autour de Cub, quelque chose se brisa en lui.

Il murmura : « Père et fils », et voilà.

Ils sont rentrés à la maison ce jour-là.

Bear s’est vite installé, trouvant sa place près de la fenêtre, observant

le monde comme un vieux soldat en veille. Cub, curieux et maladroit,

suivait Owen de pièce en pièce, devenant plus confiant chaque jour —

mais revenant toujours vers Bear, pressant sa petite tête sous son menton

comme un battement de cœur qui refuse de lâcher.

À mesure que Cub grandissait, Bear commençait à décliner.

Il dormait plus. Mangeait moins.

Mais il n’a jamais cessé de veiller sur Cub.

Pas même quand sa boiterie s’aggrava.

Pas même quand il ne put plus sauter sur le lit.

Le jour où Bear ne s’est pas réveillé, Cub s’est enroulé autour de lui

et n’a pas bougé pendant des heures.

Owen a enterré Bear sous le chêne du jardin, enveloppé dans la serviette

la plus douce qu’ils avaient. En creusant, Cub était assis à côté de la tombe

silencieux et immobile, les yeux grands ouverts, comme s’il comprenait bien

plus que n’importe quel humain.

Cette nuit-là, Cub est monté sur la poitrine d’Owen.

Il l’a regardé avec les mêmes yeux ambrés que Bear avait.

Et pour la première fois depuis la mort de son père, Owen a pleuré.

Pas de tristesse — mais de gratitude.

Parce que l’amour ne meurt pas.

Il se transmet.

De père en fils.

De patte en patte.

De cœur à cœur.

 

Arrête de fuir ce qui revient vers toi.

Tu fermes la porte, et pourtant, c’est à ta propre maison que

tu refuses l’entrée.

Ce que tu appelles douleur n’est pas là pour te détruire, mais

pour te montrer l’endroit exact où tu ne t’aimes pas encore.

Ne cherche plus à comprendre avec ta tête.

Assieds-toi, reste là, même si c’est inconfortable.

Et regarde en face ce qui fait mal, sans le juger, sans chercher

à t’en débarrasser.

Dis-lui simplement , "Je te vois. Je ne te comprends pas encore,

mais je ne te repousse plus."

À partir de cet instant, le nœud commence à se défaire.

Souviens-toi, ce qui fait mal ne demande pas ta peur, il

demande ton accueil.

Rien ne veut te punir, tout veut t’amener à t’aimer plus profondément.

Alors, ose.

Ouvre les bras à ce qui te fait peur, c’est là, précisément là, que

ta lumière est prisonnière, et c’est là qu’elle attend que tu viennes

la délivrer.