"Je ne suis qu’une seconde entre deux éternités, l’éternité
d’avant moi, l’éternité d’après moi. Je ne suis qu’un bout
de vie entre deux néants, le néant qui m’a précédé, le néant
qui me succèdera. […]
« Je suis », c’est aussi dire « Je ne serai plus ». Vivant n’a
qu’un vrai synonyme : mortel. Ma grandeur devient donc
mon indigence, ma force, mon défaut. Et la fierté se mêle à
l’effroi.[…]
À cet instant, je ne suis pas rien, plutôt presque rien.
Un "presque", voilà ma condition. Presque un être.
Presque un néant. Ni l’un ni l’autre, mais une angoisse
hybride."
(La nuit de feu - Éric-Emmanuel Schmitt)