Un hommage !
Titulaire de la Légion d'Honneur, Raymond Gurême a passé sa vie à combattre le racisme. Il n'a cessé de prendre la parole, pour que le sort des Manouches internés dans les camps nazis ne soit jamais oublié.
M. Raymond Gurême est décédé le 24/05/2020, dans l'anonymat complet.
*****
Né en 1925 au sein d’une famille de Manouches (terme désignant les familles Sinté* en France), Raymond Gurême passa toute son enfance dans le petit cirque de son père, voyageant le plus souvent dans l’Ouest et le Centre de la France.
* Les Sinté sont un groupe ethnique rom des pays de l'Ouest de l'Europe ayant été déportés et en grande partie exterminés par les nazis, à l'instar d'autres groupes de Roms dont ils partagent l'origine indienne.
Dès son plus jeune âge, Raymond apprit à dresser des animaux, à jongler et à réaliser des petits numéros d’acrobatie. En France, la longue tradition de petits cirques tenus par des Manouches faisait partie intégrante du paysage culturel dans les campagnes.
Dans les années 30, le gouvernement français prit des mesures restrictives concernant le déplacement des populations dites "nomades".

En octobre 1940, Raymond Gurême et toute sa famille furent arrêtés par la Gendarmerie française.
Cette décision à l’encontre des nomades fut imposée par les nazis sur tout le territoire de la zone occupée.
Un mois plus tard, ils furent transférés au camp d’internement de Linas-Montlhéry (Nord de Paris) où ils vécurent dans des conditions sanitaires extrêmes et subirent des pénuries alimentaires.
À l’été 1941, Raymond Gurême s’évada, grâce à ses talents d'acrobate. A 16 ans, il put travailler sans être remarqué dans plusieurs fermes de Bretagne et, aussi souvent qu’il le pouvait, il se rendait à Linas pour introduire illégalement de la nourriture dans le camp.
En avril 1942, le camp de Linas-Montlhéry fut démantelé. Tous les internés furent transférés à Montreuil-Bellay (49), le plus grand camp de nomades de la zone occupée.
Mais Raymond Gurême réussit, là encore, à venir fournir de la nourriture aux membres de sa famille ...
Il détourna, au profit du maquis, un camion de ravitaillement. Il fut alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'Angers, d'où, encore une fois, il s'évada.
En août 1943, il fut arrêté par la Police, déporté à Heddernheim in Hessen et mis au travail forcé.
En juin 1944, il s’évada, à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne, et rejoignit la France.
Raymond Gurême entra alors dans la Résistance française. A 19 ans, il prit part à la Libération de Paris.
Après la guerre, il rechercha les membres de sa famille, qu’il ne put retrouver qu’aux années 1950.
En 1951, il s'installa avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée des camps nazis (avec laquelle il eut ensuite 15 enfants).
En 1952, il retrouva ses parents, en Belgique.
En 2014, Raymond Gurême fut de nouveau passé à tabac par la Police française : pour les voyageurs, les choses n'ont pas beaucoup changé en 1 siècle.
Décoré de la Légion d'Honneur, Raymond Gurême a passé sa vie à combattre le racisme. Il n'a cessé de prendre la parole afin que le sort des Manouches internés dans les camps ne soit jamais oublié.
-----
SOURCES :
http://hanslucas.com/dsecher/photo/35186
https://leparia.fr/hommage-a-raymond-gureme/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Gur%C3%AAme
Raymond GUREME & Isabelle LIGNER, "Interdit aux nomades". Paris 2011
Ilsen ABOUT, "Mondes tsiganes. Une histoire photographique, 1860-1980" ;
Élise VINCENT, "Mémoires d'un Tzigane de France", Le Monde.fr (2011) ;
France Culture, "Résistances tsiganes" épisode 1, Raymond Gurême (2018).
Commentaires
Bonsoir,
J'ai horreur du racisme...On est tous humains ....Peu importe la couleur de notre peau...
Merci du partage...
Bonne soirée ...
Bisous ^^